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Discussions Publiques / Un article intéressant sur un hussard(?) dur à cuire !
« on: February 06, 2019, 02:22:40 pm »Pour ceux que l'histoire et l'archéologie intéressent :
Article en anglais sur l'ostéoarchéologie d'un cavalier blessé pendant la campagne de Russie.
https://www.forbes.com/sites/kristinakillgrove/2018/12/28/this-napoleonic-soldier-survived-for-two-months-with-horrific-facial-wound-following-1812-battle/?fbclid=IwAR1yMBO0K5JtahbX8fGnzVk45E3T_sFSCbk8V33uAq0I0EHz5W1CihJi4ss#24b5bfb614fc
Pour les non-anglophones j'ai rédigé une traduction rapide :
Spoiler
Ce soldat napoléonien a survécu pendant deux mois avec une horrible blessure à la tête reçue dans la campagne de 1812.
Une fosse commune datant de l'invasion de la Russie par la Grande Armée de Napoléon a révélé qu'un soldat, qui a souffert d'une horrible blessure au visage au combat, aurait survécu pendant deux mois avant de succomber. Une étude en 3D du squelette nous a donné de nouvelles informations sur sa blessure et son aspect avant de la recevoir.
Dans cette étude publiée par le Journal International d'Ostéoarchéologie, une équipe internationale de chercheurs basés en France, en Russie, au Canada et en Allemagne détaille la blessure au sabre reçue par un soldat enterré dans la fosse commune de Kaliningrad. La capitale de la Prusse Orientale de l'époque a accueilli une grande partie des survivants de la désastreuse campagne de Russie à la fin décembre 1812.
La fosse commune a été découverte en 2006 durant un projet de développement immobilier et a été fouillée par l'Institut d'Archéologie de l'Académie des Sciences russe. Une douzaine de fosses communes contenant environ 600 corps sont localisées dans la zone.
Des boutons, des habits, des chaussures, des bottes et des pièces ont suggéré que ces corps étaient ceux de soldats napoléoniens de la Grande Armée et leurs os ont été étudiés à l'origine par les archéologues du laboratoire franco-russe LIA K181. Un squelette sur six a révélé de violents traumatisme dus à des blessures de guerre ou des amputations. Un squelette en particulier avait une blessure sérieuse au bas visage tout en montrant des signes de cicatrisation pouvait permettre de croire qu'il avait survécu un temps après l'avoir reçue.
Le squelette C2 issu de la fosse commune de Kaliningrad (Königsberg) est l'objet d'une nouvelle étude scientifique menée par Dany Coutinho Nogueira de l'université Paris Sciences et Lettres (regroupement notamment de l'ENS, l'institut Curie, les Mines, Dauphine, etc.) Le squelette a été identifié comme celui d'un jeune homme d'une vingtaine d'années au moment de sa mort. Il a été immédiatement constaté un important traumatisme qui lui a fracturé la partie gauche de la mandibule, ses os maxillaires et ses dents de devant.
L'équipe scientifique a utilisé un certain nombre de technologies non-destructives sur ce crâne afin de mieux comprendre le lien entre sa blessure et sa mort. Le CT scan (tomodensitométrie aux rayons X) a montré une certaine croissance nouvelle des os ce qui suggère que l'homme a survécu entre 6 semaines et 3 mois après avoir reçu la blessure à la face.
En utilisant un logiciel de modélisation 3D, l'équipe a retiré les parties résorbées de la fracture pour observer des petits morceaux d'os qui ont été déplacés par la blessure dans la mâchoire. Ainsi, les technologies modernes leur ont permis de disséquer virtuellement le crâne et reconstruire son aspect avant la blessure. Pour cette reconstruction, l'équipe a répliqué en miroir les os intacts de l'autre partie du crâne quand c'était possible. Quand ça ne l'était pas, ils ont utilisés des données sur l'aspect moyen des jeunes hommes français de l'époque.
« Les reconstructions 3D et le processus de restauration de la mandibule et du maxillaire nous ont permis d'obtenir un crâne virtuel entier » selon les chercheurs. Le logiciel leur « a fourni un modèle de face neutre, sur lequel nous avons ajouté les données et complété par une pigmentation réaliste et des détails de texture ».
Au delà de cette reconstruction, l'équipe scientifique a aussi été capable de se représenter le déroulé de la blessure. « La présence d'un fort et précis traumatisme exclue une simple cause accidentelle. La victime a probablement été blessée durant un combat avec les troupes russes. L'arme la plus probable pour produire ce type de blessure est un sabre lourd utilisé par la cavalerie de la période ».
Vu la localisation des fractures de la face, l'hypothèse des chercheurs évalue « la maxillaire comme l'endroit de l'impact initial. Ensuite, la perte de vélocité et d'énergie suite à cet impact a produit une fracture importante du corps de l'os mandibulaire droit ». Le soldat devant probablement être à cheval au moment de sa blessure étant donné que « la force du coup aurait été augmentée par la vitesse de rencontre entre deux soldat montés ».
Il est probable que le coup ait été donné par un assaillant droitier qui se tenait à gauche du soldat. « En l'espèce, la lésion correspondrait à un coup de sabre dit de taille, c'est à dire avec la lame du sabre causant une coupure impressionnante mais superficielle » Ainsi, la blessure fut sévère mais non létale.
La cicatrisation de la blessure suggère que le soldat ait été traité dans un hôpital militaire de Kaliningrad (Königsberg) proche de la fosse commune où la découverte a été faite. Il est probablement mort dans cet hôpital, peut être du fait d'une infection de sa blessure ou encore du typhus ou de la fièvre des tranchées, très répandus à cette période.
Cette courte étude d'un crâne du XIXe en utilisant des techniques du XXIe montre combien les archéologues peuvent apprendre sur le passé en utilisant des technologies non-destructives. L'analyse de Coutinho Nogueira et de ses collègues nous révèle les horreurs de la guerre et ses effets sur les vies et les corps des jeunes hommes du passé.
Bien que le nom de cet homme ne nous soit pas connu, les chercheurs nous affirment que « plus de deux siècles après sa mort, cette reconstruction faciale ramène le visage de ce soldat inconnu dans le présent ».
Une fosse commune datant de l'invasion de la Russie par la Grande Armée de Napoléon a révélé qu'un soldat, qui a souffert d'une horrible blessure au visage au combat, aurait survécu pendant deux mois avant de succomber. Une étude en 3D du squelette nous a donné de nouvelles informations sur sa blessure et son aspect avant de la recevoir.
Dans cette étude publiée par le Journal International d'Ostéoarchéologie, une équipe internationale de chercheurs basés en France, en Russie, au Canada et en Allemagne détaille la blessure au sabre reçue par un soldat enterré dans la fosse commune de Kaliningrad. La capitale de la Prusse Orientale de l'époque a accueilli une grande partie des survivants de la désastreuse campagne de Russie à la fin décembre 1812.
La fosse commune a été découverte en 2006 durant un projet de développement immobilier et a été fouillée par l'Institut d'Archéologie de l'Académie des Sciences russe. Une douzaine de fosses communes contenant environ 600 corps sont localisées dans la zone.
Des boutons, des habits, des chaussures, des bottes et des pièces ont suggéré que ces corps étaient ceux de soldats napoléoniens de la Grande Armée et leurs os ont été étudiés à l'origine par les archéologues du laboratoire franco-russe LIA K181. Un squelette sur six a révélé de violents traumatisme dus à des blessures de guerre ou des amputations. Un squelette en particulier avait une blessure sérieuse au bas visage tout en montrant des signes de cicatrisation pouvait permettre de croire qu'il avait survécu un temps après l'avoir reçue.
Le squelette C2 issu de la fosse commune de Kaliningrad (Königsberg) est l'objet d'une nouvelle étude scientifique menée par Dany Coutinho Nogueira de l'université Paris Sciences et Lettres (regroupement notamment de l'ENS, l'institut Curie, les Mines, Dauphine, etc.) Le squelette a été identifié comme celui d'un jeune homme d'une vingtaine d'années au moment de sa mort. Il a été immédiatement constaté un important traumatisme qui lui a fracturé la partie gauche de la mandibule, ses os maxillaires et ses dents de devant.
L'équipe scientifique a utilisé un certain nombre de technologies non-destructives sur ce crâne afin de mieux comprendre le lien entre sa blessure et sa mort. Le CT scan (tomodensitométrie aux rayons X) a montré une certaine croissance nouvelle des os ce qui suggère que l'homme a survécu entre 6 semaines et 3 mois après avoir reçu la blessure à la face.
En utilisant un logiciel de modélisation 3D, l'équipe a retiré les parties résorbées de la fracture pour observer des petits morceaux d'os qui ont été déplacés par la blessure dans la mâchoire. Ainsi, les technologies modernes leur ont permis de disséquer virtuellement le crâne et reconstruire son aspect avant la blessure. Pour cette reconstruction, l'équipe a répliqué en miroir les os intacts de l'autre partie du crâne quand c'était possible. Quand ça ne l'était pas, ils ont utilisés des données sur l'aspect moyen des jeunes hommes français de l'époque.
« Les reconstructions 3D et le processus de restauration de la mandibule et du maxillaire nous ont permis d'obtenir un crâne virtuel entier » selon les chercheurs. Le logiciel leur « a fourni un modèle de face neutre, sur lequel nous avons ajouté les données et complété par une pigmentation réaliste et des détails de texture ».
Au delà de cette reconstruction, l'équipe scientifique a aussi été capable de se représenter le déroulé de la blessure. « La présence d'un fort et précis traumatisme exclue une simple cause accidentelle. La victime a probablement été blessée durant un combat avec les troupes russes. L'arme la plus probable pour produire ce type de blessure est un sabre lourd utilisé par la cavalerie de la période ».
Vu la localisation des fractures de la face, l'hypothèse des chercheurs évalue « la maxillaire comme l'endroit de l'impact initial. Ensuite, la perte de vélocité et d'énergie suite à cet impact a produit une fracture importante du corps de l'os mandibulaire droit ». Le soldat devant probablement être à cheval au moment de sa blessure étant donné que « la force du coup aurait été augmentée par la vitesse de rencontre entre deux soldat montés ».
Il est probable que le coup ait été donné par un assaillant droitier qui se tenait à gauche du soldat. « En l'espèce, la lésion correspondrait à un coup de sabre dit de taille, c'est à dire avec la lame du sabre causant une coupure impressionnante mais superficielle » Ainsi, la blessure fut sévère mais non létale.
La cicatrisation de la blessure suggère que le soldat ait été traité dans un hôpital militaire de Kaliningrad (Königsberg) proche de la fosse commune où la découverte a été faite. Il est probablement mort dans cet hôpital, peut être du fait d'une infection de sa blessure ou encore du typhus ou de la fièvre des tranchées, très répandus à cette période.
Cette courte étude d'un crâne du XIXe en utilisant des techniques du XXIe montre combien les archéologues peuvent apprendre sur le passé en utilisant des technologies non-destructives. L'analyse de Coutinho Nogueira et de ses collègues nous révèle les horreurs de la guerre et ses effets sur les vies et les corps des jeunes hommes du passé.
Bien que le nom de cet homme ne nous soit pas connu, les chercheurs nous affirment que « plus de deux siècles après sa mort, cette reconstruction faciale ramène le visage de ce soldat inconnu dans le présent ».
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